Zoom sur les guêpes

Introduction

Si les papillons sont appréciés par le grand public, il en va autrement pour les guêpes, les frelons et même les bourdons. Dans cette grande famille des insectes « qui piquent » seules les abeilles sont, relativement, bien tolérées. Cette différence est certainement due au fait que les abeilles produisent du miel, leur conférant, du même coup, le statut d’insectes utiles, pour l’homme.

Pour une personne allergique l’effet d’une piqûre d’abeille sera le même que s’il s’agissait d’une piqûre de guêpe.

De plus, il est tout aussi risqué de déranger une ruche qu’un nid de guêpes. Autrement dit, le terme guêpe et frelon engendre une peur (haine) basée sur des préjugés liés à une méconnaissance et/ou une ignorance quant aux mœurs de ces insectes « tueurs ».

Ces mêmes insectes, que tout le monde croit connaître, ne sont pas tous aussi terribles qu’on le prétend. Dans cette grande famille, il est bon de savoir à qui on a à faire avant d’agir. En effet, il n’y a que les guêpes germaniques (Vespula germanica) et les guêpes vulgaires (Vespula vulgaris) qui importunent l’homme et encore, seulement pendant une petite période de l’année. Néanmoins, elles sont, comme leurs consœurs, très utiles pour la régulation des insectes dits « nuisibles ».

En effet, les guêpes, frelons et polistes sont de grands consommateurs de chenilles et autres insectes qui occasionnent des dégâts aux plantes que nous cultivons (arbres fruitiers, plantes potagères, …). Cette nourriture carnée sera déchiquetée et distribuée aux larves, par les ouvrières.

Cycle de vie

Seules les reines fécondées passent l’hiver, à l’abri dans du bois mort, dans un tas de compost, souches d’arbres, etc.

Au printemps la reine émerge et se met en quête de nourriture (nectar) tout en démarrant la construction de son nid. Pour ce faire, elle utilise des fibres de bois qu’elle a râpées, à l’aide de ses mandibules, sur des piquets de clôture, de vieilles planches, … Mélangées à sa salive, ces fibres forment une pâte collante avec laquelle elle construit les premières alvéoles. L’enveloppe protectrice sera édifiée de la même façon. Les premiers œufs sont pondus et la reine subviendra seule à l’élevage des premières larves qui deviendront aussi les premières ouvrières. C’est la période la plus critique dans la vie d’une nouvelle colonie. Le moindre dérangement, le moindre accident et c’est la catastrophe.

Lorsque les ouvrières seront nées, elles prendront la relève de la reine pour l’édification du nid et l’alimentation des larves. La reine restera au nid pour pondre et agrandir sa colonie. C’est à partir de la mi-août jusque fin septembre que certaines guêpes viennent nous asticoter quand nous sommes à table. La raison en est simple, la vie sociale des guêpes commence à changer. En effet, toutes ces ouvrières mourront bientôt et toute la colonie disparaîtra, l’élevage de nouvelles larves n’a donc aucune raison d’être. Ces ouvrières vont commencer à vivre pour elles-mêmes et de ce fait elles rechercheront des aliments sucrés.

Ce sont nos deux « vilaines » guêpes : la guêpe germanique et la guêpe vulgaire qui se retrouveront ainsi autour de notre table ou dans les pâtisseries. Toutes les autres espèces, y compris les frelons, ne viendront jamais vous importuner, pour autant que vous agissiez comme avec les abeilles, c’est-à-dire avec respect et prudence.

Il ne faut pas aller déranger le nid et dans le cas des frelons qui sont même actifs la nuit, il faut veiller à ne pas utiliser des lampes de poche ou des spots halogènes à proximité d’un nid car ils pourraient prendre cela pour une agression et réagir en conséquence.

Les mâles commencent à apparaître vers la mi-juillet. Ils féconderont les futures reines avant d’errer et mourir en automne. Les ouvrières et les mâles de toutes les espèces de guêpes, frelons, polistes et bourdons meurent en automne. Au printemps suivant, les reines qui auront survécu à l’hiver, auront la lourde tâche de perpétuer la survie de leur espèce.

Identification

Il n’y a rien qui ressemble plus à une guêpe qu’une autre guêpe !
Comment savoir à quelle guêpe on a à faire ?

La première indication vient du lieu où le nid est édifié. Les endroits bien abrités (fentes de mur, sous-toiture, …) sont généralement utilisés par les guêpes germaniques et vulgaires. Les nids bien visibles (dans les greniers, les nichoirs, suspendus dans les arbres, …) appartiennent généralement aux espèces du genre dolichovespula et sont donc des guêpes non-agressives (elles ne viendront jamais vous importuner).

Si le nid est dans le sol, il s’agit souvent de la guêpe rousse (vespula rufa) qui n’est pas agressive mais attention, les guêpes germaniques et vulgaires peuvent également nidifier dans le sol. La couleur du nid, pour autant qu’il soit visible, peut aussi vous donner quelques indications quant à l’espèce. En effet, les frelons et les guêpes vulgaires utilisent du bois en décomposition pour confectionner leurs nids. Dans ce cas, les nids seront de teinte brun-jaune à brun-rouge. Les nids des autres guêpes seront plutôt gris-blanc avec, souvent, des bandes plus foncées. Mais la façon la plus sûre de déterminer l’espèce dont nous sommes en présence reste l’identification sur base d’un individu. Par conséquent, il faut capturer une guêpe et la remettre à une personne connaissant les critères de déterminations. La capture doit s’effectuer près du nid car les guêpes qui volent dans votre jardin ou autour de votre table n’appartiennent pas nécessairement au nid que vous avez découvert. Il existe aussi des guêpes qui parasitent les nids d’autres espèces de guêpes (guêpes coucous). Dans ce cas, la reine parasite tue la reine fondatrice et fait élever sa progéniture par les ouvrières de l’espèce parasitée. Voilà pourquoi, il peut arriver que l’on capture, dans un même nid, deux espèces différentes.

Nourriture

A la sortie de l’hiver, les reines se nourrissent de nectar et de pollen (saules, noisetiers, …) ensuite elles capturent d’autres invertébrés (mouches, chenilles, …) afin de nourrir leurs larves.
Les ouvrières nouvellement nées seront également toutes des prédatrices d’invertébrés et continueront de nourrir les larves de la colonie.
A l’arrière saison les guêpes (germaniques et vulgaires) se rapprochent de nos tables et mangent tout ce qui est sucré (fruits, tartes, jus, …).
Les frelons se nourrissent, notamment, de guêpes et d’abeilles. Les polistes sont également des prédateurs d’autres invertébrés. Leurs nids (très petits) sont souvent dissimulés sous les tuiles des toits (polistes gaulois) ou dans la végétation (poliste biglumis).

Ils ne vous agresseront que si vous touchez au nid !

Ennemis

L’homme est sans conteste le pire ennemi des guêpes. Mais elles ont aussi des prédateurs naturels. Les blaireaux et les bondrées apivores (rapace diurne) sont des prédateurs de guêpes, d’abeilles et de bourdons. Le blaireau repère puis déterre les nids de guêpes, de bourdons et se nourrit du couvain (œufs, larves et nymphes), la bondrée repère les nids suspendus dans les arbres et les haies puis s’y attaque, elle déchire le nid et se nourrit du couvain mais également des adultes.

La bondrée apivore peut creuser avec ses pattes et son bec, jusqu’à 40 cm de profondeur afin d’accéder à un nid situé sous terre. Les guêpes sont primordiales pour l’élevage des jeunes et la survie de ce rapace.
Dans une moindre mesure, les araignées capturent occasionnellement des guêpes, des bourdons et des abeilles, dans leur toile ou à l’affût sur les fleurs.

Un petit mot sur les bourdons

Il est tout à fait inutile de détruire les nids de bourdons car ceux-ci ne vous agresseront jamais. En effet, le seul moyen de se faire piquer par un bourdon c’est de le tenir fermement en main. Autrement dit, il faut le faire exprès.
Leurs nids sont souvent souterrains (ancien terrier de campagnol ou autres rongeurs). Les nids ne sont pas en « papier » comme les guêpes mais en cire comme chez les abeilles.

Ils se nourrissent de nectar et de pollen et sont très important pour la pollinisation des fleurs et autres plantes à fleurs (fruitiers, …). En effet, les bourdons sont à même de voler par un temps plus froid, alors que les abeilles sont inactives.

Vrai ou faux !

Toutes les guêpes, frelons, polistes, bourdons, abeilles piquent ? Faux ! Il n’y a que les reines et les ouvrières qui possèdent un dard. Les mâles ne piquent pas. Mais attention aux probabilités ! En effet, les mâles sont inexistants en début de saison et très peu nombreux en règle générale.

Petit truc

En cas de piqûre, verser de l’eau chaude ou placer une compresse d’eau chaude à l’endroit de la piqûre. Il paraît que le « venin » est détruit sous l’effet de la chaleur. Attention ! Chaleur ne veut pas dire ébouillanter.

Liste des différentes espèces de « guêpes » que nous pouvons rencontrer chez nous.

Frelon (Vespa cabro), Guêpe rousse (Vespula rufa), Guêpe vulgaire (Vespula vulgaris), Guêpe germanique (Vespula germanica), Vespula austriaca, Guêpe saxone (Dolichovespula saxonica), Dolichovespula media, Dolichovespula sylvestris, Dolichovespula omissa, Dolichovespula norwegica, Dolichovespula adulterina, Poliste dominulus (gallicus), Poliste biglumis, Poliste nimpha, Poliste bischoffi.

Pour rappel, seules les guêpes vulgaires et germaniques importunent l’homme.

Merci pour l’effort que vous pourriez envisager de faire après avoir lu ces quelques lignes.

Cet article n’a pour prétention que d’essayer de raisonner le grand public quant à cette « haine » sans retenue, vis à vis des « guêpes », en l’informant simplement sur ces « bestioles » qui nous filent une frousse bleue ou la « rage » rien qu’en entendant leur nom.

Les guêpes: “Le château de papier”

Contrairement à leurs cousines les abeilles, les guêpes sont les insectes mal-aimés par excellence. Ne seraient-elles vraiment que des animaux qui piquent et gâtent les prunes ?

« Le Château de Papier » par Philippe Wegnez, paru dans natagora numéro 25 mai-juin 2008.

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